« Tu peux aller sur le terrain ? Euuuh, pourquoi pas, il faut voir si c’est possible… » est trop souvent la façon dont les volontés naissantes d’immersion terrain sont accueillies aux seins de nos organisations. Ce qui se passe ensuite tue généralement dans l’œuf les rares fibres de curiosité empathique qui animent et alimentent l’intuition des jeunes chefs de projets que nous sommes, celle qui nous pousse à apprendre des usages.
Qu’elle ne fut donc pas ma surprise lorsqu’à mon arrivé chez TICO on m’a dit « tu vas aller sur le terrain car c’est une des phases les plus importantes de notre méthodologie ».
Tantôt géographique, tantôt militaire, ou encore géologique, le terrain est une notion à géométrie variable. Chez TICO, je commence à comprendre qu’il est le lieu et le moment où se trouvent regroupées les conditions pour challenger les a priori, les connaissances et les concepts, à chaque étape d’un projet, par les usages et auprès de leurs experts : les utilisateurs. Il est à la fois la source d’inspiration et la base sur laquelle s’appuient les itérations.
Le lieu c’était la vendée, le moment c’était celui de ma première immersion.
Ce que j’ai vu m’a alors littéralement subjugué !
De mon sac à dos rempli d’a priori à challenger, j’ai obtenu une mine d’or d’informations… qu’une personne sur le site m’a immédiatement proposé de « filtrer », prétextant avec une profonde bienveillance, que mon manque de connaissance métier serait un handicap pour « l’interprétation » des paroles d’usagers et autres observations recueillies.
” Je ne suis ni TNS – SOFRES, ni même l’INSEE. Je ne réalise pas une enquête de satisfaction et encore moins une évaluation de votre travail, et surtout, je n’interprète pas. Je ne suis là que pour observer les usages dont vous semblez craindre qu’ils améliorent votre offre.”
Je pensais trouver dans l’usage de futures pistes d’amélioration, je suis revenu avec une meilleure compréhension des freins. C’est aussi ça le terrain. On y ressent mieux que nul part ailleurs le poids de la résistance au changement.
” Ne laissons pas l’immersion terrain aux ethnologues, sociologues et autres experts ! “
A tous les collaborateurs, stagiaires, managers, opérationnels, manutentionnaires ou universitaires. À tous les porteurs de projets en puissance, l’intuition qui nous pousse à nous immerger sur le terrain pour tester nos idées est aussi saine que fragile. Elle trouve sa source dans cette curiosité qui nous échappe avec le temps et qu’il nous faut pourtant cultiver car elle n’est ni un biais, ni une perte d’énergie, ni même un danger. Le seul danger est celui qui, induit par le poids du cadre, de la résistance au changement et des différentes « métriques de pilotage projet » (tels que le planning ou le budget), nous pousserait à considérer l’immersion comme une étape de validation et non de remise en question.
Parce que nous répétons plus que de raison de ne pas laisser le design aux designers, ne laissons pas l’immersion terrain aux ethnologues, sociologues et autres « experts » ! C’est un travail d’équipe ! A faire ENSEMBLE !
Prêts à vous immerger ?
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